Anonyme, Entrée de l'Hôtel d'Anjou, date inconnue, © Hôtel d'Anjou
Au milieu du XIXe siècle, le chemin de fer arrive à Angers, engendrant un flux touristique. Jacques Leroy achète une ancienne demeure, à l’angle de la place Lorraine, qu’il rénove dès 1856 pour en faire l’Hôtel d’Anjou (aujourd’hui « Best Western »), acquérant rapidement, avec l’aide des propriétaires successifs, une grande notoriété.
Ce n’est qu’à partir de 1913, suite à la modernisation du bâtiment – ajout de deux étages, suppression de la porte cochère pour l’actuelle réception… – sous la direction de l’architecte angevin Gustave Gasnier, que l’édifice commence à prendre son esthétique actuelle.
En 1926, la révision de l’agencement de l’ensemble des salles de réception par l’architecte Roger Jusserand allie décor en mosaïque, ferronnerie et miroiterie, dans le style Art déco. La mezzanine, surplombant les salles en enfilade, permet à l’orchestre de diffuser la musique sans gêner l’espace de réception. La verrière zénithale qui éclaire le lieu est agrémentée, en alternant vert, bleu et doré, de formes géométriques (triangle et rectangle), reprises pour la balustrade en fer forgé.
Odorico conçoit les décors de l’hôtel d’Anjou pour convenir au mieux au luxe recherché par la clientèle. Il élabore une mosaïque dans les tons bleu et or pour les soubassements et les piliers soutenant la mezzanine, réutilisant le modèle triangulaire de la verrière pour la partie basse des murs. L’ensemble se termine par une frise de motifs circulaires dorés, répétée au-dessus des miroirs. La richesse de ces décors, concentrés sur les espaces de réception, contribue à diffuser une image de qualité de l’établissement.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les salles de réception sont transformées en parking et les murs enduits de béton ont permis la conservation des mosaïques. C’est grâce à la mention d’une salle de balle dans des documents d’archives que des recherches ont été effectuées et que les décors d’Odorico ont été redécouverts. L’hôtel d’Anjou et sa luxueuse salle de réception, comme la Maison bleue et sa façade en camaïeu, constitue ainsi un élément majeur du patrimoine architectural angevin.