Les devantures

Amet Alain, Mosaïques d’Odorico en façade (actuellement sous la véranda du café des Caves du Ralliement à Angers), détail, 2008, © Musée de Bretagne, Rennes


     Les productions d’Odorico renouvellent la vision de la ville : ses mosaïques ornementales subsistent encore sur de nombreux commerces de l’Ouest de la France, où la pratique a été très forte. Le travail d’Odorico s’inscrit dans la mode des enseignes et des panneaux figuratifs, très développée durant l’entre-deux guerres. Le style Art déco qu’utilise cet artiste le situe pleinement dans son époque, bien qu’il ne suive pas la tendance parisienne des matériaux modernes comme l’acier ou l’aluminium. Durant les années 30, en parallèle de l’essor de l’industrie, les officines et herboristeries se distinguent grâce aux techniques commerciales et publicitaires. 

François Lasa, Devanture de boutique Herboristerie Saint-Aubin : vue d'ensemble, formant l'angle des rues Saint-Martin (à gauche) et Saint-Aubin (à droite), 2007, © Région Pays de la Loire – Inventaire général

     Les décors de façades cherchent à être attrayants pour se démarquer de la concurrence. L’ancienne herboristerie située au 36 rue saint Aubin en est un bel exemple. Des ensembles de mosaïques font aussi partie intégrante des lieux de société tels des cafés ou des restaurants. Les deux façades Angevines présentées montrent deux styles représentatifs du travail de l’atelier d’Odorico. 

     En 1931, le propriétaire du Café des Caves lui commande une façade en mosaïque, c’est la première devanture que l’artiste décors à Angers. La surface du mur est recouverte d’un dégradé de jaune-orangé. Le mouvement et les vibrations ainsi créés correspondent à un programme ornemental libre. Cet effet est accentué par l’utilisation de la frise en forme de vague sur la partie haute de l’élévation. Les contrastes entre le bandeau, le bahut et les murs aident à une meilleure compréhension de l’enseigne. Le bandeau est orné d’éléments attractifs, de couleurs vives sur fond clair, parmi lesquels le motif central du jet d’eau central. La lumière dont profite le Café des Caves fait briller sa façade et invite les passants à s’attarder un moment.

Amet Alain, Mosaïques d’Odorico en façade (actuellement sous la véranda du café des Caves du Ralliement à Angers), 2008, © Musée de Bretagne, Rennes     L’herboristerie à l’angle des rues Saint Martin et Saint Aubin est bâtie en 1934 par M. Bouchet, s’inscrivant sur l’axe urbain construit récemment pour mener à la nouvelle Préfecture. La mosaïque de la façade est contrôlée par l’architecture tripartite : le bandeau qui la surmonte suit cette forme et reçoit des inscriptions informatives et publicitaire (à gauche « Parfumerie », au centre « Herboristerie Saint Aubin » et à droite
« Orthopédie »). 

François Lasa, Devanture de boutique Herboristerie Saint-Aubin : tapis de sol en mosaïque de l'entrée avec monogramme CT, 2007, © Région Pays de la Loire – Inventaire général

     C’est la liberté de l’organisation du décor par rapport à la structure du bâtiment qui constitue la différence majeure entre ces mosaïques. L’ornementation de l’herboristerie est principalement organisée selon l’architecture, alors qu’à l’inverse, la façade du Café des Caves en est totalement émancipée. Et bénéficiant du reflet de la lumière sur sa paroi, cette dernière est d’autant plus séduisante au regard des promeneurs.

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