L'Art déco

Léon Deshairs, Boudoir du Pavillon du Collectionneur, 1925, Fac-similé d’une gouache originale, Paris, Musée des Arts décoratifs, © MAD, Paris/ Suzanne Nagy


     À la fin de la Grande Guerre, les classes bourgeoises vibrent au rythme effréné des Années folles, délaissant la morosité du conflit pour renouer avec une vie de plaisirs. L’opulence et l’ostentation sont de mise, c’est le temps des loisirs, des transports, de l’électricité, des grands magasins… Dans ce début de XX e siècle, ces nombreuses mutations sociales se reflètent dans le renouvellement des arts. L’Art nouveau, inspiré des motifs floraux riches en arabesques et vantant les mérites d’un artisanat de qualité, est rapidement délaissé au profit du géométrisme de l’Art déco.
En effet, ces formes végétales complexes ne satisfont plus les besoins d’une production industrielle initiée par le Bauhaus. Les créateurs Art déco proposent, eux, des formes standardisées facilement duplicables qui répondent aux goûts luxueux de leurs contemporains. De la France à l’Allemagne en passant par la Belgique, ce style, nourri du cubisme, du constructivisme et de la Sécession viennoise, est marqué par l’épure, des lignes dynamiques et la réutilisation des motifs néoclassiques.

Anonyme, Boudoir du pavillon du Collectionneur, 1925, photographie en noir et blanc, Album Maciet, Paris, Musée des Arts décoratifs, © MAD, Paris 

     L’Art déco atteint son essor en 1925 à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris avec le pavillon du Collectionneur d’É.-J. Ruhlmann. Grâce à sa façade monochrome et symétrique rythmée d’une rotonde de style Louis XVI et la richesse de son intérieur, ce bâtiment promeut un nouvel art moderne français en accord avec les désirs de la société moderne. Cette manifestation connait un tel succès que le directeur de la Compagnie Générale Transatlantique fait appel à ces créateurs pour l’aménagement des premières classes de ses navires. Le Normandie, mis à flot en 1935, relève aussi bien du paquebot que de l’œuvre d’art total. Tous les objets qui le meublent, de l’éclairage aux ferronneries, participent au développement de l’Art déco outre-Atlantique.



Anonyme, Salle à manger du Normandie, vers 1935, photographie en noir et blanc, © Rebanas     Si ce style s’exporte en Amérique, il se diffuse aussi en province : par exemple, à Angers la verrière des Galeries Lafayette en témoigne. En conjuguant l’ornemental à l’utilitaire, ce puits de lumière conçu en escalier est orné de rectangles juxtaposés, animés de lignes, de formes triangulaires et végétales stylisées. 

Collectif mosaïque Art déco, Verrière des Galeries Lafayette à Angers, 2020, © Groupe B, PFE L3 Histoire de l’Art UCO

     Sa monumentalité équivaut aux prestiges de l’institution qui le reçoit : il pare, éclaire et prône un art de vivre bourgeois hérité des Années folles. Par le choix de ses motifs et des couleurs, l’atelier rennais du mosaïste Odorico et ses productions à Angers assouvissent les désirs de cette société nouvelle. C’est ce que l’exposition présentée ici tend à démontrer, les différentes pièces attestent de cette esthétique et des diverses fonctions des arts décoratifs.

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