Odorico et son Atelier

Anonyme, Portrait d’Isidore Odorico, vers 1940, papier cartonné, © Musée de Bretagne, Rennes


     Entre la fin du XIXe siècle et la Seconde Guerre Mondiale, deux générations de mosaïstes italiens produisent dans l’Ouest de la France un nombre considérable de décors d’architecture.

     Isidore Odorico père (1845-1912) et son frère Vincent fondent leur entreprise à Rennes en 1882. À cette région sans tradition de mosaïque ornementale, ils apportent leurs savoir-faire et développent un mode de production à grande échelle.


Odorico, Carte publicitaire, vers 1930, papier cartonné © Musée de Bretagne, Rennes

     C’est ensuite Isidore Odorico fils (1893-1945) qui élève la mosaïque au rang d'œuvre d'art et symbole de l'Art déco. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Rennes, il déploie l'affaire familiale,  multipliant les chantiers et les collaborations avec divers architectes. Inspiré par l’Art déco, ses créations graphiques se concentrent dans l’emploi des lignes ondulantes et des cercles croisés et rayonnants. Avec Isidore Odorico fils, la mosaïque n’est plus seulement un élément ornemental mais un véritable objet d’art.

Amet Alain, Sol en mosaïque d’Odorico dans l’actuelle pâtisserie Le Daniel à Rennes, détail, 2010 © Musée de Bretagne, Rennes

     Dans le même temps, la mosaïque prend une connotation résolument utilitaire, due à ses faibles coûts de production et à sa facilité d’entretien. Le décor recouvre boutiques, piscines, etc... L’immeuble entier devient ainsi le terrain de jeu d’Isidore Odorico. Une de ses réalisations angevines est particulièrement remarquable : la façade de la « Maison bleue », entièrement couverte de mosaïque. Indépendamment de la prouesse technique, la proposition est d’une grande modernité. Ici, et dans ses autres œuvres, le principe de l’habillage s’associe à un décor monumental dans le goût d’un Art déco vivant et coloré, qui va faire la réputation de l’artiste. Et si ailleurs l’usage de la mosaïque se raréfie, l’entreprise d’Odorico, elle, n’a jamais été autant sollicitée. Durant l’entre-deux-guerres, l’Ouest devient ainsi l’un des plus grands centres de production de mosaïque de France, et les productions d’Odorico constituent un témoignage primordial de l’évolution du goût au  sein de ce genre décoratif. 


Anonyme, Équipe de l’atelier Odorico Frère, vers 1910, photographie collée sur papier cartonné, © Musée de Bretagne, Rennes

     L’atelier ferme ses portes en 1978 mais le travail d’Isidore Odorico s’inscrit toujours dans le décor angevin. Il s’est toujours montré d’une grande variété : non assujetti à l’image de l’œuvre d’art unique, il se révèle étroitement lié au quotidien de la vie urbaine, en l’émaillant d’une gaieté particulière.


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